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C’était une de ces journées où l’on s’abandonne à des activités simples et familières. Mon frère et moi étions plongés dans un jeu vidéo, profitant d’un moment de détente. Entre deux parties, j’ai ressenti cette petite envie de grignoter quelque chose et, sans plus y réfléchir, je me suis levé pour descendre à la cuisine. En remontant, alors que je passais par la mezzanine, quelque chose d’inattendu attira mon attention.
Là, sur le rebord du balcon de la terrasse, deux pigeons étaient posés, côte à côte. Leur posture, leur proximité, dégageaient quelque chose de tendre, presque intime. Je m’arrêtai un instant, pris par surprise par cette scène. J’ai immédiatement appelé mon frère pour qu’il vienne voir. « Regarde ces deux pigeons, c’est trop mignon ! » lui ai-je lancé, émerveillé par la simplicité de la scène.
Leur proximité, la manière dont ils se tenaient si proches l’un de l’autre, m’a touché. J’avais souvent vu des pigeons, comme tout le monde, mais jamais de cette manière. Je réalisai soudain que je n’avais jamais vraiment pris le temps de les observer, de les voir autrement que comme de simples oiseaux urbains, souvent ignorés ou méprisés. Et pourtant, en cet instant précis, ils m’apparaissaient sous un jour nouveau, comme s’ils révélaient un aspect de leur nature que je n’avais jamais pris la peine de remarquer.
Sans perdre de temps, je décidai d’aller chercher mon appareil photo. Je voulais capturer ce moment. J’ignorais combien de temps ils allaient rester là, aussi proches et paisibles, alors je me suis précipité. En revenant avec mon appareil, j’ai pris soin de me déplacer lentement, de ne pas les effrayer. À ma grande surprise, non seulement ils étaient toujours là, mais ils semblaient même encore plus proches. Les deux pigeons semblaient se « câliner », leur tête légèrement penchée l’une vers l’autre, comme s’ils partageaient un instant de tendresse en toute insouciance.
À travers mon objectif, j’ai pu capturer cette scène en toute discrétion. Et c’est là que j’ai ressenti quelque chose de très fort. Ce cliché, bien plus qu’une simple image, représentait un moment de douceur, d’intimité entre deux êtres que l’on néglige si souvent. Ces pigeons, que l’on qualifie parfois de nuisibles, m’offraient une vision totalement différente de ce que j’avais l’habitude de percevoir.
J’ai pris du recul et commencé à réfléchir. Comment avions-nous, en tant qu’humains, pu en arriver à mépriser autant cet oiseau ? Le pigeon, autrefois un symbole de communication et de loyauté, utilisé comme messager lors de guerres ou dans des moments clés de l’histoire, s’est vu relégué au rang de « rat des villes ». Une créature que l’on repousse, que l’on évite, sans jamais vraiment comprendre sa place dans notre monde. Nous oublions souvent qu’ils étaient autrefois des alliés de l’humanité, des porteurs de messages précieux, qui ont aidé à changer le cours de l’histoire dans certaines situations.
Ce moment passé à photographier ces deux pigeons m’a ouvert les yeux sur l’injustice de notre perception de cet oiseau. Il est vrai que les villes sont aujourd’hui pleines de pigeons, et que certains les considèrent comme des nuisances. Mais à bien y regarder, n’est-ce pas nous, les humains, qui avons perturbé leur habitat naturel et créé les conditions de leur prolifération en milieu urbain ? Loin de leur imposer ce statut de « nuisible », c’est à nous de reconnaître notre rôle dans cette transformation, de comprendre que ces oiseaux ne font que s’adapter à l’environnement que nous avons façonné.
En observant leur plumage de plus près à travers mon objectif, j’ai été frappé par la richesse de leurs couleurs. Leurs plumes, bien qu’à première vue uniformes, dévoilent une palette de nuances subtiles – des reflets verts et violets irisés sous la lumière, des teintes de gris élégantes et apaisantes. Le pigeon n’est pas juste un oiseau grisâtre que l’on croise sans y prêter attention. Il possède un plumage d’une grande beauté, unique à chaque individu.
Ce que j’ai ressenti en capturant ce moment va bien au-delà de la simple photographie. J’ai pris conscience de notre tendance à juger rapidement, à ignorer ce qui est devant nous sans vraiment prendre le temps d’observer. Le pigeon, cet oiseau urbain souvent mal-aimé, mériterait que l’on redécouvre son histoire, que l’on revoie notre perception à son égard. Il est le témoin silencieux de notre évolution, de nos villes en perpétuelle expansion, et pourtant, il continue de survivre, de s’adapter, et de trouver des moments de paix comme ceux que j’ai observés ce jour-là.
Je me souviens encore de cette scène avec une clarté particulière. Ces deux pigeons, côte à côte, dans une tranquillité absolue, m’ont rappelé qu’il y a toujours de la beauté là où l’on ne l’attend pas. Ils m’ont offert un instant de tendresse et de simplicité, loin du tumulte de la ville, et m’ont appris une leçon précieuse : celle de ne pas juger trop rapidement, de prendre le temps d’observer, d’apprécier, et de respecter chaque forme de vie, aussi modeste soit-elle.
Depuis ce jour, je ne regarde plus les pigeons de la même manière. Ce petit oiseau, souvent ignoré ou méprisé, possède une histoire, un rôle, et une beauté que beaucoup d’entre nous ont oubliée. Et peut-être qu’en prenant le temps de redécouvrir ces créatures sous un nouveau jour, nous apprendrons à les apprécier à leur juste valeur.
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