Au bord de précipice

Nous sommes ici au château de Josselin, en Bretagne, bien que vous ne le voyiez pas sur la photographie. Je vous recommande vivement de le visiter, mais pas tant pour le château lui-même, que j’ai trouvé, pour être honnête, un peu moins impressionnant que ceux de ma région d’origine, le Centre-Val de Loire. Là-bas, les châteaux sont grandioses, et je pense que ceux qui les connaissent comprendront ma comparaison. Mais ce qui rend le château de Josselin vraiment unique, ce sont les jardins environnants, le moulin, et toutes les petites structures qui ajoutent à son charme. Ces éléments offrent un cadre splendide et apaisant, traversé par une rivière qui serpente à travers la verdure.

C’est dans ces jardins, au bord de l’eau, que j’ai eu la chance de photographier de nombreuses libellules. Ces insectes, virevoltant dans cet environnement luxuriant, ajoutaient une touche de vie et de magie à cette scène naturelle. Au pied de l’eau, j’ai attendu patiemment qu’une libellule se pose sur les fines herbes qui se tenaient juste devant moi, surplombant la rivière. Ce moment m’a inspiré le titre de la photo : « Au bord du précipice ». En effet, la libellule semblait perchée au-dessus de ce que l’on pourrait imaginer comme un précipice, alors que la rivière coulait doucement en contrebas.

J’aime particulièrement cette perspective, car elle invite à se mettre dans la peau de la libellule, à ressentir la hauteur et la fragilité de cette position au bord du vide. En tant que photographe, j’ai voulu capturer non seulement la beauté de l’insecte, mais aussi l’idée de cet équilibre délicat, de cette suspension au-dessus de l’eau, comme si le monde autour de la libellule était plus grand et plus vaste qu’on ne le voit au premier coup d’œil. C’est aussi une manière de laisser à l’imagination le soin de compléter l’image, de visualiser la scène dans son ensemble, avec la rivière qui s’écoule paisiblement sous les fines herbes.

Cette photographie me rappelle pourquoi j’aime tant capturer des moments comme celui-ci, où la nature, dans toute sa simplicité, révèle une profondeur et une complexité que l’on pourrait facilement manquer si l’on ne prenait pas le temps de s’arrêter, d’observer, et d’attendre le bon moment.