Chêne de Brocéliande

Je souhaite aujourd’hui vous parler d’un arbre emblématique de Brocéliande, que j’appelle simplement le « chêne de Brocéliande », bien qu’il ne s’agisse pas de son véritable nom. Si je ne révèle ni son appellation exacte ni sa localisation, c’est par respect pour ce lieu, pour préserver son mystère et sa quiétude. Mon attachement à cet arbre et à son histoire est né d’une tragédie survenue en 2023, lorsque l’un des arbres les plus vénérés de la forêt, l’hêtre de Ponthus, a été terrassé par les vents violents d’une tempête bretonne. Mais la mort de l’hêtre de Ponthus était en réalité inscrite depuis longtemps dans son écorce marquée par le déclin.

Dix ans avant sa chute, cet hêtre, déjà affaibli, était entouré d’épicéas malades, eux-mêmes victimes d’un mal ravageur. Dans une tentative désespérée pour stopper la propagation de la maladie, ces épicéas furent abattus. Malheureusement, cette décision, bien qu’utile pour protéger la forêt environnante, exposa l’hêtre de Ponthus à un autre danger : le soleil implacable. Privé de l’ombre protectrice des autres arbres, l’hêtre commença à dépérir lentement, laissant peu à peu sa magnificence s’effacer au fil des saisons. Ce qui avait autrefois été un lieu empreint de mystère et d’une aura presque légendaire devint tristement le théâtre du déclin d’un géant végétal. Les amoureux de la nature qui venaient pour s’imprégner de la magie de la forêt n’y trouvaient plus que l’image d’un arbre mourant, fragile et vulnérable.

Mais au-delà de cette triste histoire, un autre arbre,  continue de vivre dans l’ombre des légendes de Brocéliande. Ce chêne, que je préfère garder anonyme pour protéger son intégrité, est lui aussi un être remarquable. Il ne porte pas de nom célèbre et n’est pas marqué par des légendes racontées dans les livres, mais il est là, majestueux, solitaire. Il incarne à mes yeux la force tranquille de la nature qui perdure, qui ne demande qu’à être respectée dans son isolement.

Laisser cet arbre « à l’abandon » ne signifie pas l’oublier ou le négliger. Au contraire, cela signifie le respecter en tant qu’entité vivante, le protéger de l’intervention humaine inutile. Trop souvent, nous voyons des arbres comme celui-ci devenir des attractions touristiques, des lieux où certains viennent, dans un élan d’adoration ou de curiosité, gratter sa mousse ou, pire encore, graver leur nom dans son écorce, comme si ces actes pouvaient les lier à quelque mysticisme. Mais ces gestes, aussi anodins qu’ils puissent sembler, affaiblissent l’arbre, le rendant plus vulnérable aux maladies ou au déclin prématuré. Même un simple câlin, dans un geste affectueux pourtant plein de bonnes intentions, peut avoir des conséquences si l’arbre est trop souvent exposé à des contacts humains. Les champignons, bactéries et autres parasites peuvent se propager ainsi, mettant en péril la santé de ces géants de la forêt.

C’est pourquoi je m’abstiens de révéler son nom ou son emplacement exact. Cet arbre, tout comme l’hêtre de Ponthus autrefois, mérite de rester hors des sentiers battus, à l’abri des regards curieux et des foules bruyantes. Le silence et la solitude sont ses meilleurs alliés pour perdurer. Il incarne à mes yeux une sagesse que la nature seule détient : celle de la résilience, de la patience, et du respect des cycles naturels.

Dans la forêt de Brocéliande, comme dans tant d’autres lieux mystiques, il existe une tendance dangereuse à vouloir sacraliser chaque espace, chaque arbre, chaque rocher, au nom de croyances ou de légendes. Si la mythologie et les contes font partie intégrante du charme de cette région, il est parfois regrettable de voir comment certains lieux se transforment en sanctuaires pour ceux qui cherchent à exister à travers ces récits. Trop souvent, ce besoin de se lier à quelque chose de plus grand que soi entraîne des comportements irresponsables qui mettent en danger la nature elle-même.

Les arbres ne sont pas des témoins passifs de nos vies. Ils sont des êtres vivants, avec une histoire, un rôle, un équilibre fragile. Ils n’ont pas besoin de notre intervention, de nos marques, ou de nos croyances. Ils existent, simplement, et c’est déjà un miracle en soi. Il est donc crucial de leur offrir le respect qu’ils méritent en leur accordant la tranquillité dont ils ont besoin pour continuer à vivre et à croître.

Alors, à tous ceux qui souhaitent découvrir Brocéliande, je ne peux que vous inviter à le faire avec un esprit ouvert et respectueux, en comprenant que la magie de cette forêt réside avant tout dans ce qu’elle est, et non dans ce que nous projetons sur elle. Il est possible d’apprécier sa beauté sans la marquer de nos empreintes. La véritable connexion à la nature se fait dans l’observation, dans le silence, dans la compréhension que nous sommes de passage, alors qu’elle, elle était là avant nous et continuera d’exister bien après notre départ.

Le chêne de Brocéliande, tout comme l’hêtre de Ponthus autrefois, est une sentinelle de ce monde naturel. Il nous rappelle que la nature n’a pas besoin de nous pour exister, mais que nous avons besoin d’elle pour nous ressourcer, pour apprendre à ralentir, à respecter, et à simplement être présents. Que cet arbre, et tant d’autres dans cette forêt enchantée, puisse continuer à s’épanouir loin des atteintes humaines.

UGS : 1998-116
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