Chevreuil du Soir

Une rencontre avec la nature se savoure effectivement dans le silence, où chaque pas devient une immersion dans un monde parallèle, où l’humain n’est plus qu’un simple observateur. Ce jour-là, une simple promenade m’a conduit bien plus loin que je ne l’aurais imaginé. C’était une de ces sorties impromptues, appareil photo à l’épaule, prêt à capturer un instant fugace. Sans vraiment avoir un objectif précis, j’empruntais un petit sentier de terre, parsemé de pierres, qui s’élevait doucement vers une pente dissimulant la forêt à l’horizon. Une de ces promenades où l’esprit vagabonde librement, sans attente particulière.

Puis, après quelques dizaines de pas seulement, mon souffle s’est suspendu. Devant moi, à une faible distance, quatre chevreuils se tenaient là, comme une apparition. Un brocard – reconnaissable à ses petites bois – et trois chevrettes, calmes et paisibles, occupés à se nourrir sans se soucier du reste du monde. Mon instinct de photographe animalier prit le dessus immédiatement, mais je savais qu’il me fallait être prudent, discret, car l’équilibre de cette rencontre était délicat.

Le brocard, plus méfiant, tourna son regard dans ma direction. Mon cœur se mit à battre plus vite. Dans ces moments, chaque geste est calculé, chaque mouvement peut rompre le lien fragile entre l’homme et l’animal. J’ai donc pris une décision immédiate : je me suis couché à plat ventre sur la pente, espérant ainsi me faire oublier un instant. Dans cet espace naturel, je n’étais plus qu’une silhouette camouflée par le sol, tentant de ne pas rompre cette bulle de tranquillité.

La position était inconfortable. Mes jambes repliées dans un angle étrange pour éviter d’effrayer ces créatures si attentives au moindre son, à la moindre vibration. Je savais qu’un mouvement brusque suffirait à les faire fuir dans un éclat soudain, rompant cette magie silencieuse. Les secondes s’étirèrent en minutes. Le brocard, toujours sur ses gardes, continua à m’observer, mesurant la menace potentielle que je représentais. Il s’approchait, curieux, tentant peut-être de comprendre ce que j’étais, mais sans doute aussi pour me dissuader de m’avancer davantage.

Mon appareil photo était prêt, mais je n’osais bouger. Photographier les animaux dans ces conditions demande une patience infinie. Si je faisais un geste trop brusque pour capturer cette scène, je risquais de tout perdre. Parfois, la photographie animalière ne se résume pas seulement à capturer l’image parfaite, mais à savoir quand observer, quand attendre, et quand laisser passer l’instant sans chercher à le figer.

Allongé là, au sol, une pensée me traversa l’esprit : et si le brocard décidait de m’attaquer ? Son approche était lente, mais déterminée. Je n’étais qu’une ombre à ses yeux, une silhouette inconnue qui ne bougeait pas. Un coup de bois, même léger, pourrait me rappeler combien les animaux peuvent être à la fois gracieux et puissants. Mais je savais aussi que toute tentative de fuite risquait d’être perçue comme une véritable menace. Alors, j’ai choisi de rester immobile, de laisser la scène se dérouler selon ses propres lois.

Finalement, le groupe de chevreuils, rassuré par mon absence de mouvement, retourna à ses occupations. Ils continuèrent à se nourrir paisiblement, comme si je n’étais qu’un élément du décor. Ces moments-là, suspendus hors du temps, sont ceux qui donnent à la photographie animalière tout son sens. Observer sans intervenir, faire partie du paysage sans le troubler, voilà l’essence de cet art. J’étais à la fois témoin et acteur de cette rencontre, mais sans jamais prendre le dessus.

Lorsque le brocard et ses compagnes tournèrent enfin le dos, je savais que l’instant de partir était venu. Lentement, presque imperceptiblement, je glissai en arrière le long de la pente, tout aussi silencieux que je l’avais été en arrivant. Les chevreuils continuèrent leur chemin, et moi le mien, sans bruit, avec la sensation d’avoir partagé quelque chose d’intime avec la nature.

Dans cet échange muet, je n’avais capturé aucune photo, mais je repartais avec bien plus : le souvenir d’une rencontre authentique, où le respect mutuel entre l’homme et l’animal avait prévalu. La photographie animalière, c’est parfois accepter de ne rien figer pour simplement savourer l’instant.

UGS : 1998-19
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