Croâ !

C’est un amphibien, mais je n’en ai pas assez pour justifier une catégorie « Amphibien », alors permettez-moi de le mettre en mammifère pour cette fois 
En me baladant à travers les chemins de campagne, à la recherche de nouveaux lieux propices à l’observation des animaux, je n’ai pas eu à chercher bien longtemps avant de tomber sur un petit étang caché au détour d’un sentier. Les croassements incessants résonnaient dans l’air, me guidant tout droit vers ce point d’eau enfoncé dans la terre. Une large fosse, formée par les années et remplie par les pluies récentes, s’était transformée en un véritable bassin, un refuge pour une faune variée. Cet espace, qui semblait presque anodin au premier regard, était devenu un point d’hydratation pour de nombreuses espèces, et les grenouilles, bien sûr, avaient trouvé là leur petit paradis.

À mesure que je m’approchais, les bruits familiers des amphibiens s’intensifiaient. Je me faufilais doucement, espérant voir quelques-uns de ces petits batraciens émerger de l’eau. Les grenouilles ne sont jamais faciles à apercevoir de prime abord, leur capacité à se fondre dans leur environnement est impressionnante. Mais ici, dans ce bassin sauvage, elles étaient bien présentes, nombreuses, et semblaient presque indifférentes à ma présence, plongées dans leur baignade quotidienne.

L’une d’elles, cependant, attira particulièrement mon attention. C’était une petite grenouille verte, perchée sur une roche mouillée à la surface de l’eau. Elle était immobile, son regard presque fixe, observant les alentours. En m’approchant avec précaution, je remarquai quelque chose d’inhabituel : elle semblait blessée. Son corps portait des marques, des cicatrices qui ne correspondaient pas à l’apparence normale d’une grenouille en bonne santé. Impossible de dire avec certitude ce qui avait pu lui arriver. Peut-être un prédateur avait-il tenté de l’attraper, ou bien était-elle victime d’un champignon, une infection commune chez les amphibiens.

Ce constat m’a touché, car même au cœur de la nature, la lutte pour la survie est omniprésente. Les grenouilles, tout comme tant d’autres créatures, sont confrontées à des dangers que nous ne percevons qu’en de rares occasions. Il est facile d’oublier, dans la tranquillité apparente de la campagne, que chaque jour est une bataille pour ces petites créatures. Les prédateurs rodent, les maladies aussi, et chaque être doit se battre pour préserver sa place dans cet équilibre fragile.

Avec l’aide de @la_nature__et_moi, une personne passionnée et experte dans l’identification des animaux, j’ai pu obtenir quelques informations précieuses concernant l’état de cette grenouille. Selon ses observations, il pourrait s’agir d’une infection causée par un champignon, un phénomène malheureusement assez courant chez certaines espèces de grenouilles. Cependant, sans un examen plus approfondi, difficile de le dire avec certitude. Ce qui est sûr, c’est que cette petite grenouille avait déjà enduré pas mal d’épreuves.

En tant que photographe de la nature, ces moments de découverte sont à la fois fascinants et émouvants. Chaque animal que l’on rencontre, même les plus petits, a une histoire à raconter, une histoire de survie, de persévérance. Capturer cette grenouille blessée avec mon appareil photo n’était pas seulement un acte esthétique, mais une manière de témoigner de la dure réalité de la nature. Une photo animalière, parfois, ne se résume pas à la beauté brute d’une scène ; elle peut aussi refléter la fragilité de la vie sauvage.

Je suis resté là, accroupi, observant cette grenouille pendant un long moment. Je ne voulais pas la déranger, ni l’effrayer. Dans ces instants, il est important de se rappeler que nous ne sommes que des visiteurs dans ce monde naturel. La photographie animalière, c’est avant tout le respect de la faune et de son habitat. En observant cette petite grenouille, je me suis rendu compte que même les plus simples moments, comme une promenade près d’un étang, peuvent révéler des rencontres inattendues et enrichissantes.

Alors que je reprenais doucement ma route, je ne pouvais m’empêcher d’espérer que cette petite grenouille allait se rétablir de ses blessures. La nature a une incroyable capacité de résilience, et même les créatures les plus vulnérables peuvent parfois nous surprendre par leur ténacité. Ce petit étang, si modeste en apparence, s’était révélé être un véritable écosystème, un microcosme où la vie, avec toutes ses complexités, s’épanouissait.

Cette rencontre me rappela encore une fois pourquoi j’aime tant photographier les animaux dans leur milieu naturel. Chaque promenade, chaque instant passé à observer la nature nous apprend quelque chose de nouveau, et surtout, nous rappelle combien ce monde est à la fois fragile et précieux.

PS : @wildlife_meetings sur Instagram m’a néanmoins proposé une autre théorie pour son œil : Sans doute l’œuvre d’un coup de bec d’un échassier comme le héron, je ne dis pas que je préfère, mais cela me rassurait de savoir que les grenouilles des environs ne devront craindre que les cieux et non leurs copains de baignade.

UGS : 1998-26
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