Grizette

Le saviez-vous ? Si vous vous perdez sur mon site internet, vous tomberez sur une aide plutôt particulière : Grizette, notre guide à plumes ! Il suffit de taper une adresse fantaisiste, comme « https://colorfulens.fr/yoyolasticot« , et voilà que Grizette, un jeune goéland, vient à votre rescousse. L’histoire de son nom prête à sourire. On m’a dit que « Grizette » est le terme adéquat pour un goéland juvénile, mais après quelques recherches, la confusion s’est installée. Sur internet, le terme « grisette » semble avoir bien d’autres significations sans vraiment désigner un oiseau. Pourtant, quand je recherche des informations sur le goéland juvénile, le terme « grisette » apparaît parfois mystérieusement. Alors, que croire ? Une chose est certaine : Grizette est un personnage attachant, qu’on l’appelle ainsi ou non.

J’ai toujours eu une affection particulière pour les goélands. Ces oiseaux, si familiers des côtes bretonnes, ont une personnalité bien à eux. Ils sont souvent moqués pour leur opportunisme, leur habileté à fondre sur un sandwich ou des frites dès que l’occasion se présente. C’est un spectacle en soi de les voir planer au-dessus des plages ou des remparts, attendant leur moment pour piquer dans l’air avec une précision surprenante. Leur audace est à la fois fascinante et amusante, et même si cela peut en irriter certains, moi, je les trouve irrésistibles.

Je me souviens particulièrement d’une rencontre avec Grizette qui m’a permis de la photographier de près. C’était à Saint-Malo, sur les fameux remparts de la Cité Corsaire. Mon ami Antoine nous accompagnait, et nous profitions d’une belle journée pour prendre quelques photos. Grizette, toujours à l’affût d’un bon repas, avait jeté son dévolu sur le paquet de bonbons d’Antoine. Avec un intérêt certain pour ces sucreries, elle sautillait doucement, se rapprochant de lui à quelques mètres, l’air de rien. Antoine, amusé, la regardait venir, bien conscient qu’elle ne tarderait pas à tenter sa chance.

Pour moi, c’était une occasion en or. J’étais encore en train de me familiariser avec mon nouvel objectif, un 150-600mm, qui me permettait d’observer de près les détails de la scène sans m’approcher de trop près de l’oiseau. Ce goéland, avec son plumage gris moucheté de blanc – typique des juvéniles – était un sujet parfait. La lumière douce de la fin de matinée soulignait les plumes, et Grizette, appâtée par les bonbons d’Antoine, m’offrait un spectacle idéal pour tester l’autofocus et la netteté à longue distance.

Bien sûr, je savais qu’il ne fallait surtout pas nourrir les goélands, même si dans l’instant, cela pouvait sembler anodin. Leur donner de la nourriture humaine, et notamment des sucreries, perturbe leur comportement naturel et leur alimentation. Mais ce jour-là, c’était l’interaction elle-même, innocente et spontanée, qui faisait de Grizette une protagoniste amusante. Son approche furtive et ses petits sauts pour attirer l’attention étaient presque chorégraphiés, et j’étais captivé par sa capacité à évoluer dans cet environnement urbain tout en conservant un air sauvage.

Les goélands sont des oiseaux fascinants, qu’on peut observer partout en Bretagne, et Saint-Malo ne fait pas exception. Entre les remparts, les plages et les ruelles pavées, ces oiseaux se fondent dans le décor, et ils semblent parfaitement à l’aise dans cette ville maritime. Leur présence contribue à l’identité de lieux comme Saint-Malo, où l’air marin, les cris des goélands et l’histoire des corsaires se mêlent pour créer une ambiance unique.

En tant que photographe animalier, j’ai appris à apprécier leur intelligence et leur capacité à s’adapter. Photographier les animaux, et plus particulièrement les oiseaux, demande non seulement de la patience, mais aussi une certaine compréhension de leur comportement. C’est là que réside la magie de la photographie animalière : capturer un instant de vie, dans toute sa spontanéité et son naturel, tout en respectant les limites imposées par la nature elle-même.

Grizette, qu’elle soit vraiment une « grisette » ou non, m’a offert ce jour-là l’occasion de perfectionner mes techniques, tout en me rappelant l’importance de rester respectueux des animaux que l’on observe et photographie. Ces moments, qu’ils soient vécus à travers un objectif ou simplement en tant que spectateur, sont précieux. Ils nous rappellent à quel point la nature est à la fois proche et distante, accessible mais fragile.

Alors, si vous avez un jour l’occasion de vous promener sur les remparts de Saint-Malo, ouvrez bien les yeux. Peut-être croiserez-vous Grizette, ou un autre goéland curieux. Et qui sait ? Ils pourraient bien devenir les vedettes involontaires de vos souvenirs ou de vos photos, tout comme ce fut le cas pour moi.