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La photographie animalière peut parfois être perçue comme une discipline exigeante, mêlant préparation et technique, mais en réalité, elle repose souvent sur une bonne dose de hasard. Dans ce domaine, il serait malhonnête de ne pas admettre que la chance joue un rôle essentiel. Être au bon endroit, au bon moment, voilà une composante imprévisible, mais déterminante. Prenons, par exemple, une expérience récente avec une petite mésange bleue, un oiseau si commun et pourtant si fascinant.
Ce jour-là, je me trouvais au téléphone pour un rendez-vous professionnel, discutant de sujets bien éloignés de la photographie animale. Pourtant, mon esprit vagabondait ailleurs. De l’autre côté du velux de mon bureau, le cerisier du jardin commençait à fleurir. Ses délicates fleurs roses tombaient doucement, créant un tableau éphémère, presque poétique. Les pétales se posaient inévitablement sur la voiture de mon beau-père, qui chaque jour passait de longs moments à nettoyer son pare-brise, malgré la bataille sans fin contre ces confettis de printemps. Une anecdote amusante, mais là n’était pas mon véritable centre d’attention.
Mon regard, capté par les mouvements du cerisier, dériva vers les oiseaux qui virevoltaient joyeusement autour des branches. Bien sûr, mon premier réflexe fut de penser à les photographier. Il faut dire que l’envie de capturer ce genre d’instant, un peu sauvage, un peu furtif, ne me quitte jamais vraiment. Mais je me trouvais dans une situation peu idéale pour un photographe : une main sur le téléphone, une oreille collée à l’écouteur. Difficile dans ces conditions d’attraper l’appareil photo et de se concentrer. Pourtant, j’ai ressenti ce besoin urgent de ne pas manquer l’instant. Je ne voulais pas laisser passer cette opportunité d’immortaliser la mésange.
Sans réfléchir davantage, j’ai coincé le téléphone entre mon épaule et mon oreille, comme on le fait souvent dans les situations improvisées, et j’ai attrapé mon appareil photo. Certes, manipuler un appareil avec une seule main, ce n’est pas l’idéal, surtout quand on espère réussir une photo d’une petite créature aussi vive que cette mésange bleue. Mais avec une bonne vitesse d’obturation, j’ai pu compenser mes tremblements, dus à la prise peu orthodoxe de l’appareil. Un pari risqué, mais qui portait ses fruits. La mésange était là, posée délicatement sur une branche, prête à être immortalisée.
Cependant, je ne voulais pas en rester à la simple photographie. Capturer ce moment en vidéo me semblait encore plus puissant, plus vivant. C’est là que mon appel téléphonique prit fin, comme si le destin m’offrait une chance supplémentaire. Sans perdre une seconde, j’ai filé chercher mon trépied. Installé de manière stable face au velux, je pouvais désormais observer la mésange revenir et repartir, virevoltant entre les branches avec une grâce infinie. Le temps s’étirait, et petit à petit, je réussissais à capturer de magnifiques séquences vidéo, tout en multipliant les clichés.
D’autres oiseaux apparaissaient par moments, attirés par les fleurs et les insectes qui peuplaient l’arbre, mais aucun ne rivalisait avec l’éclat de la mésange. Son plumage bleu vif, contrastant avec la douceur des fleurs roses, créait un tableau captivant, presque hypnotique. Chaque détail me fascinait : la vivacité de ses mouvements, la légèreté avec laquelle elle se posait, observait, puis repartait dans un battement d’ailes. C’était ce type de moment où l’on oublie le reste du monde, où seule l’observation de la nature prime.
Il est souvent dit que photographier les animaux demande de la patience, et c’est vrai. Mais dans des instants comme celui-ci, la patience s’accompagne d’un sentiment d’émerveillement profond. On n’a pas toujours le contrôle sur ce que l’on photographie, et c’est précisément ce qui fait la beauté de la photographie animalière. Les animaux sont imprévisibles, ils échappent à nos attentes, et parfois, ils nous offrent des moments d’une pureté rare. Ce jour-là, c’était le cas avec cette mésange bleue, dont les mouvements et la présence semblaient presque chorégraphiés pour l’objectif.
En fin de compte, si la technique est indispensable dans ce métier, elle ne remplace jamais ce qu’on appelle communément la chance. Ce mélange d’instinct et de hasard, ce bref instant où tout se combine parfaitement : le sujet, la lumière, le contexte. C’est là toute la magie de la photographie animalière.
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