La Tour des Anglais

Ce que j’aime avec la Tour des Anglais, c’est cette manière qu’elle a de surgir dans le paysage comme une apparition presque anachronique. Perchée au bord de l’eau, elle ressemble davantage à une gigantesque pièce d’échec abandonnée qu’à un phare. Son allure massive et imposante rappelle immédiatement la forme de la tour du jeu d’échecs. C’est drôle, en la voyant, je me suis instantanément senti ramené à ces moments de mon enfance où je jouais aux échecs, non pas pour la stratégie – car, il faut l’avouer, j’ai toujours été assez médiocre dans ce jeu – mais plutôt pour le plaisir d’être en famille, autour de ce plateau usé, avec des pièces d’une beauté simple mais marquante.

Je jouais souvent avec mon frère et ma grand-mère. Les parties n’avaient peut-être pas l’intensité des grands matchs de championnat, mais elles étaient remplies de complicité. Je me souviens du bois patiné de l’échiquier, des pièces qui portaient les marques de nombreuses parties, comme si elles-mêmes racontaient une histoire. Je n’ai jamais été un grand stratège, mais peu importait. Ce qui comptait, c’était le plaisir de partager ces moments avec mes proches, autour de ce jeu intemporel qui, même sans y exceller, nous rapprochait.

Et puis, en voyant cette tour en plein milieu de l’eau, j’ai ressenti une étrange familiarité. Elle m’a touché d’une manière inattendue, probablement à cause de ces souvenirs enfouis qui ont resurgi, comme une petite nostalgie douce-amère. La Tour des Anglais, en elle-même, n’est pas forcément un monument qui capte toute l’attention dans le paysage morbihanais. Souvent oubliée, elle est là, discrète, simple, presque anonyme. Mais pour moi, elle est devenue un repère, un lieu que j’aime retrouver, comme une vieille amie que l’on n’aurait pas vue depuis longtemps.

Il y a quelque chose de fascinant dans l’idée de voir et revoir le même paysage, encore et encore, sans jamais se lasser. La Tour des Anglais, dans sa simplicité et sa singularité, offre cette possibilité. Chaque fois que je la regarde, elle me raconte une histoire différente. Tantôt elle se dresse fièrement, défiant le temps et les marées, tantôt elle semble isolée, comme un vestige oublié d’une époque révolue. Pourtant, je ne ressens jamais d’ennui en l’observant. Bien au contraire, elle m’apaise, me ramène à cette simplicité que je recherche parfois dans la photographie de paysage : un point de fixation, une constante dans un monde en perpétuel mouvement.

Je suis incapable de me souvenir de tous les détails historiques que j’avais lus à son sujet, comme vous pouvez l’imaginer. Il est certain que la Tour des Anglais a son propre passé, et qu’elle a sans doute vu passer bien des tempêtes et des jours de calme sur ces côtes bretonnes. Mais ce qui m’importe vraiment, c’est la relation personnelle que j’ai développée avec elle, presque sans le vouloir. Pour d’autres, elle pourrait être une curiosité mineure, une note de bas de page dans un guide touristique. Mais pour moi, elle est devenue un symbole de quelque chose de plus intime, une pièce d’échiquier grandeur nature qui s’est perdue dans le paysage, portant en elle les souvenirs de parties d’échecs qui m’ont marqué, bien plus pour ce qu’elles représentaient que pour les mouvements sur le plateau.

Observer cette tour, c’est un peu comme revisiter ces moments. Et il y a une beauté simple à cela, dans l’idée que certains lieux ou objets puissent éveiller en nous des souvenirs, des émotions enfouies, des fragments d’une vie passée qui, parfois, reviennent nous effleurer de manière inattendue. Peut-être que la Tour des Anglais n’est pas le phare imposant auquel on pourrait s’attendre, mais elle est un phare pour ma mémoire, un point de repère personnel dans ce vaste océan de souvenirs.

Ainsi, même si elle n’est pas un site incontournable pour beaucoup, elle l’est devenue pour moi. Je pourrais la contempler encore et encore, sans jamais me lasser. Et peut-être, à force de la revoir, je finirai par me souvenir de l’histoire que j’ai lue à son sujet. Mais au fond, est-ce vraiment important ? Ce qui compte, c’est ce que ce lieu m’évoque, ce qu’il fait ressurgir en moi. La Tour des Anglais est devenue, pour moi, plus qu’un simple monument ; elle est le lien entre le présent et un passé personnel, entre le réel et l’imaginaire, entre le jeu et la réalité.

UGS : 1998-88
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