Le Phare Môles des Noires II

Il m’a fallu 23 ans pour enfin me rendre au phare Môles des Noires, à Saint-Malo. Un phare que j’avais pourtant toujours eu dans mon champ de vision, un repère immuable au bout de la jetée, là où la terre s’efface pour laisser place à l’infini de l’océan. Depuis que je suis enfant, ce phare fait partie du paysage, un monument modeste et pourtant chargé de la puissance de la mer. Mais malgré sa proximité, je n’avais jamais pris la peine de marcher jusqu’à lui, de me planter à ses pieds et de sentir ce qu’il est de l’autre côté, là où la ville s’efface.

Ce qui a tout changé, c’est l’arrivée d’un nouvel outil dans ma vie : un drone. Quand on obtient un drone, il ne s’agit plus seulement de regarder le paysage avec ses yeux ; on commence à consulter les cartes, à scruter les zones aériennes accessibles, à imaginer des points de vue que l’on n’aurait jamais pu envisager auparavant. C’est en observant ces cartes que j’ai découvert un détail fascinant : bien que la jetée semble faire partie intégrante des remparts de Saint-Malo, elle est en réalité suffisamment éloignée de la ville pour ne plus être considérée comme une zone d’agglomération. Cela signifie que là-bas, au bout de la jetée, on peut faire voler un drone sans avoir besoin de demander d’autorisation particulière.

Le plus drôle dans cette histoire, c’est que cette zone est minuscule. Un petit carré de quelques mètres, à peine assez grand pour se tenir confortablement. Mais c’est tout ce dont j’avais besoin pour faire décoller mon drone. Cette petite portion de terre m’offrait une liberté immense. Depuis ce bout de jetée, je pouvais enfin capturer ce que je voyais depuis des années, mais avec une nouvelle perspective : celle du ciel.

C’est peut-être aussi la raison pour laquelle on voit tant de photos aériennes de ce lieu. Ce petit carré d’espace accessible attire les passionnés de photographie aérienne, tous les télépilotes de drones qui connaissent bien leur outil et les subtilités de la législation. Cela semble paradoxal, presque ironique : un endroit si restreint sur terre, mais offrant une étendue infinie de possibilités dans les airs.

Je me souviens du jour où j’ai enfin fait ce vol. Le ciel était dégagé, et la mer, en contrebas, d’un bleu profond et puissant. En approchant du bout de la jetée, j’ai ressenti une petite montée d’excitation, comme si j’étais sur le point de découvrir un endroit que je connaissais pourtant par cœur, mais que j’allais enfin voir pour la première fois. Le phare Môles des Noires, si souvent ignoré de mes propres yeux, allait être au centre de mon attention, filmé et photographié depuis un point de vue inédit.

Lorsque j’ai fait décoller le drone, il s’est envolé avec une légèreté gracieuse, traversant l’air avec la précision d’un oiseau. Depuis l’écran de contrôle, j’ai vu le phare rétrécir à mesure que le drone prenait de l’altitude. La mer tout autour, immense et rugissante, contrastait avec la silhouette immobile du phare, comme s’il défiait silencieusement le passage du temps et des marées. Les remparts de Saint-Malo, eux, s’étendaient en arrière-plan, rappelant que la ville et la mer cohabitent ici depuis des siècles.

Cette vue aérienne me montrait un Saint-Malo que je ne connaissais pas vraiment. De là-haut, les contours de la ville semblaient différents, presque abstraits. C’est une autre sensation que de voir des lieux familiers depuis le ciel : on se les réapproprie d’une manière nouvelle, et l’on perçoit des détails qui échappent quand on est les pieds sur terre. Le phare Môles des Noires, qui de loin paraît si petit, devenait soudain monumental. Isolé au bout de la jetée, il semblait porter en lui toute la force et la sérénité de la mer.

Finalement, après toutes ces années à l’avoir vu de loin, il m’aura fallu non seulement un drone, mais aussi une curiosité renouvelée pour aller à sa rencontre. Ce petit coin de Saint-Malo, que je n’avais jamais pris la peine d’explorer de près, est devenu une scène incontournable de mes prises de vue aériennes. Chaque photo que je prenais me rappelait que parfois, les choses qui semblent les plus banales ou les plus proches de nous peuvent devenir extraordinaires sous un angle différent.

Ce premier vol au-dessus du phare Môles des Noires ne sera certainement pas le dernier. À chaque visite, les conditions de lumière, le mouvement des vagues, les nuances du ciel et de l’eau se renouvellent. Il y a toujours une autre image à capturer, une autre histoire à raconter. Ce lieu que j’avais toujours ignoré m’a offert une toute nouvelle façon de voir Saint-Malo, et je sais désormais que même après 23 ans, il reste tant de découvertes à faire, tant de lieux à explorer, surtout avec un drone qui ouvre les portes du ciel et transforme chaque paysage familier en une aventure visuelle.

UGS : 1998-96
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