Pastel-Michel

Cette aventure m’a laissé quelques souvenirs marquants, notamment une quinzaine de piqûres de moustiques qui ne manqueront pas de me rappeler longtemps cette journée. Mon objectif ce jour-là était clair : je rêvais de capturer la photo parfaite du Mont Saint-Michel, avec ce fameux serpentin d’eau qui s’étire majestueusement à l’avant-plan. Une image qui m’obsédait depuis un moment. Cependant, il y avait un léger problème : je ne connaissais absolument pas les alentours de l’îlot. Avec seulement une idée vague en tête, je me suis donc lancé dans l’exploration, sans guide, déterminé à trouver l’angle parfait pour réaliser ce cliché rêvé.

Me voilà donc, déambulant à travers des champs aux herbes hautes, des épis de blé qui dépassent largement ma taille, tout en étant constamment harcelé par une armée de moustiques. À chaque pas, je sentais leurs piqûres se multiplier, mais je restais concentré, refusant de céder à l’inconfort. Finalement, je décide de m’arrêter au milieu de ce champ et d’attendre une moissonneuse-batteuse, comme un touriste complètement perdu. Lorsque la machine arrive enfin à ma hauteur, je fais signe au conducteur pour lui demander mon chemin. Ce dernier, avec un air bienveillant mais amusé, me conseille de passer par un petit sentier à l’accès difficile. J’étais désormais prêt à affronter cette nouvelle étape de mon périple.

Le conseil était pertinent, mais le chemin s’est révélé plus ardu que je ne l’avais anticipé. À un moment donné, j’ai dû sauter par-dessus un fossé d’un mètre rempli d’eau, mon sac lourdement chargé sur le dos. Ce saut d’obstacle aurait pu passer inaperçu si je n’avais pas été sous le regard attentif d’un groupe de vaches qui paissaient non loin de là. J’imaginais sans peine leurs pensées moqueuses, me jugeant du haut de leur calme bovin : « Encore un touriste en quête de la photo parfaite ! ». Mais leur regard ne m’a pas dissuadé. Après tout, je me savais proche de mon but.

Après avoir franchi ce petit fossé, je me retrouve à gravir une légère montée. Au sommet, un large chemin se dévoile devant moi, un chemin que j’aurais sans doute pu emprunter depuis le début si je n’avais pas été retenu par une crainte irrationnelle. En effet, en bas, une simple porte en bois empêchait les moutons des environs de sortir de leur pâturage, et, pour une raison inexplicable, je n’avais pas osé la pousser. C’est à ce moment que je me suis senti extrêmement idiot. Toute cette aventure aurait pu être bien plus simple !

Poursuivant mon avancée, je me retrouve dans une zone humide, où mon seul véritable ennemi n’était pas le terrain, mais une nuée de moustiques, une vingtaine au moins, qui tourbillonnaient autour de moi, rendant chaque pas un peu plus pénible. À ce stade, il ne me restait plus qu’à atteindre mon objectif et, malgré l’inconfort croissant, j’ai rapidement ajusté mon appareil pour capturer la photo que vous voyez ici. Un cliché pris à la hâte, mais qui, à mes yeux, marquait la fin d’une aventure à la fois absurde et gratifiante.

Finalement, bien que je me sois senti un peu idiot en cours de route, j’étais néanmoins satisfait. Non seulement j’avais réussi à obtenir une photo, mais surtout, je connaissais désormais mieux les lieux. Cela me permettra de revenir, mieux préparé, pour enfin capturer cette fameuse vue du Mont Saint-Michel et son serpentin d’eau que je convoite tant.