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Cette photographie de ragondin, que j’ai intitulée Photographie de ragondin sur huile, est une image qui porte bien son nom, et pas uniquement à cause du sujet principal. C’est en fait l’effet créé par l’eau et les reflets des arbres d’automne environnants qui lui confère cet aspect si particulier, presque comme une peinture à l’huile. Ce rendu n’est pas le fruit d’un long processus de retouche numérique, mais plutôt un cadeau offert par la nature elle-même. Quand j’ai montré cette image à Pascal Sacleux, un photographe portraitiste que j’ai rencontré lors de ma formation de télépilote de drone, c’est lui qui a fait cette remarque frappante. Il m’a dit que les reflets dans l’eau ressemblaient à des coups de pinceau sur une toile, et c’est là que l’idée du titre est née. J’ai été immédiatement séduit par cette comparaison. En effet, l’eau, teintée des reflets dorés et orangés des feuilles environnantes, semblait avoir été travaillée par un artiste. Le ragondin nageait dans ce tableau vivant, en parfaite harmonie avec la nature qui l’entourait.
Mais cette photographie représente bien plus qu’un simple effet visuel, elle porte aussi une histoire de patience, d’observation, et, pour tout dire, de persévérance. Cela faisait une semaine entière que je cherchais à capturer ce ragondin en image. Dès mon arrivée sur les lieux, je l’avais aperçu, mais à chaque fois qu’il apparaissait, je me retrouvais trop lent, trop loin, ou tout simplement pas au bon moment. Le ragondin semblait jouer avec moi, se dévoilant seulement pour disparaître aussitôt. Chaque matin, je me postais près de l’étang, espérant qu’il reviendrait nager là, juste à portée de mon objectif, mais en vain.
Puis vint le dernier jour de ma mission sur place. Je n’avais plus grand espoir de l’apercevoir, encore moins de réussir à en faire une belle photographie. Les heures défilaient, et le soleil commençait à descendre, teintant le paysage d’une lumière dorée. Je me suis installé au bord de l’eau, couché à même le sol bitumé, les coudes appuyés sur le sol dur, concentré sur quelques prises de vues des catares (ces oiseaux aquatiques fascinants). Tout semblait si calme, presque figé, lorsque soudain, du coin de l’œil, j’ai vu une ombre glisser doucement à quelques mètres de moi. Mon cœur a fait un bond, et dans un premier moment d’incrédulité, j’ai à peine osé croire ce que je voyais.
C’était lui, ce fameux ragondin que j’avais cherché tout ce temps. Il nageait tranquillement, m’ignorant complètement, comme si j’étais invisible, allongé là sur le sol. J’ai alors saisi l’occasion, bougeant mon objectif avec lenteur pour ne pas l’effrayer. C’est seulement à ce moment qu’il m’a remarqué. Nos regards se sont croisés, et il s’est arrêté, flottant quelques secondes dans l’eau, me laissant tout juste le temps de cadrer et de déclencher mon appareil. Cette photo que vous voyez aujourd’hui, c’est ce moment suspendu, cette fraction de seconde où le ragondin et moi nous sommes observés, tous les deux immobiles.
Il ne m’a pas offert ce moment par défiance, mais plutôt par curiosité, comme si lui aussi voulait savoir ce que je faisais là, si près de son domaine aquatique. Et puis, avec une lenteur presque royale, il s’est mis à nager un peu plus vite, regagnant le bord de son îlot, là où il savait qu’il serait en sécurité. De mon côté, je suis resté figé quelques secondes supplémentaires, un peu incrédule face à ce qui venait de se passer.
Ce qui rend cette image si spéciale, c’est la conjonction de plusieurs éléments : l’attente, l’imprévu, la beauté naturelle des reflets automnaux, et bien sûr, la tranquillité de ce ragondin, qui ne semblait pas perturbé par ma présence. Ce n’était pas une rencontre comme les autres. C’était un instant où la nature avait décidé de se dévoiler sous une forme presque artistique, avec l’eau qui prenait des airs de peinture et le ragondin qui, par hasard ou par destinée, venait donner vie à ce tableau. C’est une photographie qui, pour moi, encapsule cette patience et ce respect que demande la photographie animalière. Parfois, il faut accepter de laisser le temps faire son œuvre, et se contenter d’observer, de patienter, jusqu’à ce que l’opportunité se présente enfin.
Ce dernier jour, ces vingt minutes avant de partir, j’ai eu la chance de capturer ce moment unique. Et c’est en revenant chez moi, en éditant les photos, que j’ai vraiment pris conscience de l’étrange beauté de cette image. Le ragondin nageant dans cet étang aux reflets dorés semblait évoluer dans une œuvre d’art. C’est cette ambiance, cette douceur presque onirique, qui donne tout son caractère à la photo. C’est un instant simple, mais qui, par la magie de la lumière et des couleurs, devient inoubliable.
Alors, si vous voyez cette image, souvenez-vous de cette histoire : celle d’un photographe couché sur le sol, attendant patiemment, observant une nature qui finit toujours par vous offrir quelque chose, tant que vous savez vous montrer patient et attentif.
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