Un regard furieux

Allongé sur le sable, appareil photo en main, je scrutais les alentours à la recherche d’une nouvelle scène à immortaliser. Le bruit des vagues se mêlait aux cris des oiseaux marins, créant cette symphonie typique des plages. Je me trouvais là, tranquille, comme un observateur silencieux du monde naturel, quand soudain, un goéland particulièrement imposant attira mon attention. Il se tenait non loin, dominant les environs du haut de son promontoire de sable. Avec son plumage blanc impeccable et son regard perçant, il avait cet air royal que seuls les oiseaux de mer semblent pouvoir incarner.

Ce goéland n’était pas en train de chercher sa nourriture ou de voler en piqué pour attraper un poisson, non. Il était là, tout simplement, prenant soin de lui, nettoyant ses plumes d’un geste méthodique et délicat, indifférent à tout ce qui se passait autour de lui. Enfin, indifférent… c’est ce que je pensais jusqu’au moment où nos regards se sont croisés. Et là, croyez-moi ou non, il m’a lancé un de ces regards, un regard qui pourrait geler l’océan tout entier.

Je me souviens avoir ri doucement à l’idée farfelue qui venait de germer dans mon esprit. Ce regard, cet œil perçant et accusateur, me donnait l’impression d’être sous surveillance. Pas celle d’un simple oiseau, non, mais d’un parrain d’une mafia secrète, une mafia des goélands, avec ses codes et ses territoires bien établis. On aurait presque pu croire que je lui devais quelque chose – de l’argent, peut-être ? Des poissons ? Qui sait, après tout. Mais il ne faisait aucun doute que, dans ce moment précis, ce goéland tenait à me montrer qui était le véritable maître de cette plage.

Je continuais de le photographier, légèrement amusé par la situation. À chaque fois que je jetais un œil à travers mon objectif, il était toujours là, fixant son regard sur moi, sans sourciller, comme s’il voulait s’assurer que je savais bien à qui j’avais affaire. Peut-être que je m’étais trop rapproché, empiétant involontairement sur son territoire, et qu’il me le faisait gentiment comprendre. Pourtant, en observant son comportement, je compris vite que la réalité était bien plus simple que ça : ce goéland faisait simplement ce que tous les oiseaux font, surtout lorsqu’un humain géant s’installe soudainement à proximité. Il gardait un œil sur moi, vérifiant que je n’étais pas une menace, mais continuait son activité sans se laisser perturber.

Mais dans ma tête, l’histoire que je me racontais devenait de plus en plus rocambolesque. Ce goéland n’était pas un simple oiseau de plage, non. Il était le boss de cette côte, veillant sur son domaine. Il était peut-être en pleine préparation pour un coup d’éclat. Sa famille, sa « famille » au sens mafieux du terme, pourrait être à quelques mètres de là, surveillant mes moindres faits et gestes. Lui, le parrain en chef, se préparait méthodiquement, lissant ses plumes comme un guerrier en armure, prêt à s’envoler pour une démonstration de force aérienne.

Je l’imaginais déjà, plumes impeccablement lissées, prenant son envol majestueux. Peut-être qu’il ferait un tour dans le ciel, juste au-dessus de ma tête, pour bien me rappeler à qui appartient cette plage. Et s’il voulait vraiment marquer le coup, il pourrait même plonger en piqué, à la manière d’un aigle, pour me rappeler d’un coup d’aile ferme que je n’étais qu’un simple intrus sur son territoire. Un photographe intrus, certes, mais un intrus quand même.

Cette idée, aussi absurde soit-elle, me fit sourire. Après tout, la réalité était sans doute bien moins dramatique. Ce goéland faisait simplement ce que tous les goélands font : il me surveillait du coin de l’œil, sans pour autant être réellement préoccupé par ma présence. J’étais simplement un humain parmi tant d’autres, allongé sur le sable, essayant de capturer la beauté de ces oiseaux au vol ou au repos. Lui, il avait des plumes à nettoyer et une plage à surveiller.

Néanmoins, il y avait quelque chose de fascinant dans cette interaction silencieuse entre nous deux. Le goéland, ce géant parmi les oiseaux marins, semblait posséder une conscience tranquille de son environnement. Il était à la fois majestueux et nonchalant, et malgré mon imagination débordante, je savais qu’il n’avait aucune intention d’entrer en conflit avec moi. Il se contentait de me tolérer, sans doute habitué aux nombreux photographes et touristes qui arpentaient cette plage.

Je continuais à le photographier, cherchant le bon angle, la bonne lumière pour capturer ce regard si expressif, ce moment où il me fixait sans ciller. Chaque cliché racontait une histoire différente, mais celle qui me plaisait le plus était cette histoire inventée où ce goéland jouait le rôle du parrain d’une mafia secrète des plages. Une histoire qui, bien sûr, ne vivrait que dans mon esprit, mais qui rendait l’expérience encore plus mémorable.

Finalement, après quelques minutes, il finit par se détourner de moi, ayant visiblement décidé que j’avais compris la leçon. Il replongea dans ses plumes, concentré sur son nettoyage, puis, après un moment, s’envola tranquillement, sans précipitation, avec la grâce de ceux qui savent qu’ils dominent leur environnement. Moi, je restais là, satisfait de mes clichés, mais surtout ravi d’avoir partagé, même brièvement, un moment avec cet impressionnant oiseau.

Peut-être que je ne lui devais vraiment rien, finalement. Peut-être que ce regard dur n’était que le reflet de son instinct de survie, ou peut-être qu’il aimait juste me faire comprendre, à sa manière, que la plage était avant tout son domaine. Quoi qu’il en soit, cette rencontre avec ce goéland, mi-majestueux, mi-imperturbable, restera gravée dans ma mémoire, une de ces petites histoires de plage qui, une fois photographiée, devient presque légendaire.

UGS : 1998-200
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