Etoile de Mer

Le goéland, réputé pour être un oiseau vorace, a une capacité impressionnante à saisir toutes les occasions de se nourrir. Si vous aviez besoin d’une preuve, je ne pourrais que vous montrer cette photographie où un goéland engloutit une étoile de mer, un moment qui reste gravé dans ma mémoire autant pour sa rareté que pour la manière inattendue dont il s’est déroulé.

Tout a commencé un jour où je me trouvais en pleine observation, mais pas exactement celle que vous imaginez. Ce jour-là, mon attention était principalement dirigée vers des petites tours de pierre qui, dans l’agitation de la plage, semblaient courir dans tous les sens autour de moi. En pleine concentration sur cet étrange spectacle, je n’ai pas remarqué ce qui se passait au-dessus de ma tête. C’est grâce à l’œil curieux de mon ex-copine, qui observait le ciel avec une attention différente de la mienne, que tout a changé. Elle m’a soudain averti qu’un goéland planait dans les airs, tenant quelque chose dans son bec. Ce simple commentaire a immédiatement détourné mon attention.

Ni une, ni deux, j’ai changé de sujet, abandonnant les pierres pour lever les yeux vers le goéland en question. Sans avoir encore saisi ce qu’il tenait exactement, j’ai rapidement ajusté mon appareil photo et, un peu à l’aveugle, j’ai commencé à prendre des clichés. Le goéland volait avec aisance, et il était difficile de suivre son mouvement avec précision. Ce n’est que lorsqu’il a fini par se poser que nous avons découvert ce qu’il transportait : une étoile de mer entière. L’observation nous a immédiatement fascinés, et nous avons continué à suivre la scène avec attention. En quelques secondes à peine, sous nos yeux ébahis, le goéland a gobé l’étoile de mer en entier, sans laisser une seule miette derrière lui.

C’était un spectacle étonnant et légèrement surréaliste. Je n’aurais jamais imaginé observer une scène comme celle-ci sur la plage. Le goéland, souvent perçu comme opportuniste, se montrait ici sous un autre jour, capable de capturer une créature aussi particulière qu’une étoile de mer. Je savais alors que ce moment devait être immortalisé, que c’était une chance rare de capturer une telle interaction entre faune et nature.

Cependant, ce n’est qu’une fois rentré chez moi que je me suis rendu compte de la difficulté de l’exercice. En passant en revue les clichés pris ce jour-là, j’ai découvert avec une certaine déception que la plupart des images étaient floues, mal cadrées, et globalement inexploitable. La vitesse de l’action, le mouvement du goéland, et l’effet de surprise avaient rendu mes photos largement imparfaites. Mais, déterminé à tirer quelque chose de cette expérience, j’ai rassemblé trois photographies moyennes et travaillé avec elles pour en extraire un cliché qui, malgré ses imperfections, reflétait l’essence de ce moment.

Ce cliché, bien que moins net que je ne l’espérais, réussit à capturer l’essentiel : le goéland, en plein vol, avec l’étoile de mer dans son bec. L’image montre assez de détails pour que l’on puisse apprécier la situation unique. C’est ce genre de photographie qui, même sans être techniquement parfaite, raconte une histoire. Et celle-ci en est une que je n’oublierai jamais.

Cette expérience m’a également rappelé à quel point l’ornithologie et la photographie animalière peuvent être imprévisibles. Parfois, les moments les plus intéressants surviennent au moment où l’on s’y attend le moins. Et c’est souvent grâce à une vigilance collective – en l’occurrence, celle de mon ex-copine – que l’on parvient à saisir des instants exceptionnels. Elle a su repérer ce que moi, concentré sur autre chose, n’avais pas vu, et cela a transformé cette promenade en une véritable aventure photographique.

En fin de compte, cette scène du goéland dévorant une étoile de mer m’a montré que la nature regorge de surprises. Chaque oiseau, chaque mouvement, peut révéler des comportements fascinants que nous n’aurions jamais imaginés. Cette rencontre a aussi renforcé mon désir de continuer à explorer la photographie animalière, même quand les conditions ou les résultats ne sont pas parfaits. Car ce sont souvent les imperfections qui rendent ces moments plus authentiques et plus mémorables.

Aujourd’hui encore, chaque fois que je repense à ce goéland vorace, je ne peux m’empêcher de sourire. Il a beau avoir la réputation d’être un « voleur de nourriture », il m’a offert ce jour-là une observation ornithologique que je ne suis pas près d’oublier.

UGS : 1998-56
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