Ne suivez pas le lapin

Ce jour-là, je me souviendrai toujours de la frayeur que m’a causée un tout petit lièvre, caché dans un champ de colza. À première vue, cela n’avait rien d’effrayant. J’étais parti en exploration photographique, comme à mon habitude, et j’avais décidé de m’enfoncer dans ce champ de colza, dont les plantes atteignaient presque ma taille – c’est-à-dire environ un mètre quatre-vingt. Je suivais les traces laissées par des sangliers, visiblement passés peu de temps avant moi. Le sol était aplati, signe de leur passage récent, et j’avançais prudemment, espérant peut-être tomber sur quelque chose d’intéressant à photographier.

C’est là que je l’ai aperçu, dans un chemin aplati, à moitié caché derrière des monticules de terre et d’herbe : un lièvre. Au début, je ne pouvais distinguer que sa petite silhouette, partiellement dissimulée, mais assez claire pour comprendre que j’avais affaire à un animal. Je ne voulais surtout pas l’effrayer, alors j’ai commencé à le photographier de loin, prenant soin de ne pas trop bouger pour ne pas déclencher sa fuite. Il restait immobile, presque figé. Plus je l’observais, plus je m’étonnais de son calme.

Curieux, je me suis approché lentement, prenant des photos à chaque halte, mais quelque chose clochait. Le lièvre ne bougeait toujours pas, même après plusieurs minutes. Il ne semblait pas alarmé par ma présence, ce qui était inhabituel, car ces animaux sont souvent sur le qui-vive. Je commençais à douter. Était-ce un effet d’optique ? Un leurre, peut-être une forme naturelle qui ressemblait à un lièvre ? Ou pire, le lièvre était-il blessé, piégé ou même mort ?

Ces pensées ont commencé à s’accumuler dans mon esprit, et avec elles, une vague de panique sourde. Le simple fait d’imaginer que l’animal puisse être souffrant me troublait. Plus je m’avançais, plus le doute grandissait en moi. À ce moment-là, je me suis agenouillé pour ne pas paraître trop grand et ne pas le terrifier, au cas où il serait tout simplement pétrifié par ma présence. Mais rien n’y faisait, il restait là, immobile, comme figé dans le temps.

Pour être certain que je ne me faisais pas des idées et que tout allait bien, je me suis finalement résolu à un geste presque enfantin : lever la main et lui faire un signe de loin, comme un petit coucou. Je me disais que s’il était en vie et en bonne santé, ce mouvement l’inciterait peut-être à réagir. C’était une manière un peu naïve de tester sa réaction, mais à ce stade, je ne voyais pas d’autre solution.

Et là, à peine avais-je terminé mon geste que, comme par magie, ses deux grandes oreilles se sont redressées d’un coup sur sa tête. Le lièvre, jusque-là immobile, a soudainement pris conscience de ma présence. En une fraction de seconde, il s’est mis à détaler à toute vitesse, ses pattes bondissant sur le sol aplati, laissant derrière lui un petit nuage de poussière. Il a filé droit devant, suivant le chemin jusqu’au bout avant de disparaître dans le colza, en tournant brusquement à droite.

Je me suis retrouvé là, à moitié amusé, à moitié soulagé. Ce lièvre était bien vivant, et mon inquiétude s’était envolée avec lui. Je ne sais pas pourquoi il était resté aussi immobile pendant tout ce temps, mais son comportement m’avait donné des sueurs froides. Peut-être avait-il été paralysé par la prudence, attendant le bon moment pour s’enfuir, ou peut-être m’avait-il simplement ignoré jusqu’à ce que je devienne une menace potentielle à ses yeux.

En y repensant, je me rends compte que cette rencontre reflète parfaitement la nature imprévisible de la photographie animalière. Ce n’est pas seulement une question de capturer l’image d’un animal, mais aussi de naviguer dans les émotions et les incertitudes que chaque rencontre peut générer. Chaque mouvement, chaque instant de calme ou de panique peut transformer l’expérience en une véritable aventure.

Ce lièvre, en particulier, m’a rappelé à quel point les animaux sauvages sont des créatures insaisissables, à la fois fragiles et adaptables. J’avais eu peur pour lui, mais au final, il m’avait donné une belle leçon sur la patience et l’observation. En quittant le champ ce jour-là, je repensais à cette scène avec un sourire. Non seulement j’avais réussi à photographier un lièvre, mais j’avais aussi vécu un moment d’intense réflexion, à me demander si tout allait bien pour ce petit être.

Au final, c’est ce genre d’expérience qui fait tout le charme de la photographie animalière : ce mélange de curiosité, d’incertitude et, parfois, d’inquiétude pour ces créatures que nous avons la chance d’observer. Et ce jour-là, malgré la peur que ce lièvre m’a causée, je suis reparti avec une photo et une histoire que je n’oublierai jamais.

UGS : 1998-141
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